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CONSTRUCTION DES RÉSERVOIRS DANS UNE COQUE EN SANDWICH POLYESTER

Les réservoirs c'est un gros chantier, surtout le jour où on découvre des fuites ou une caisse à gasoil détruite par la corrosion.

Ce petit dossier ne concerne que les coques en polyester et a pour but de vous éviter des déboires futurs. J’espère que mon expérience sera utile à ceux qui sont « le nez dans les fonds ».



Normalement, nos coques sont en sandwich/polyester, jusqu'au début du retour de galbord, où elles passent en monolithique.


1) Avant de commencer

Avant de se lancer dans ce travail, les lingots de plomb du lest doivent être immobilisés et solidement stratifiés à la coque.

Pour bloquer les lingots, et bourrer tous les petits vides entre eux, j’ai utilisé une peinture epoxy sans solvant alimentaire, (pour éviter le retrait au séchage), que j’ai coulée directement sur les lingots et fait pénétrer dans tous les interstices. J’en ai consommé 20 L en tout, (Intergard THA100/THA101 SF Blanc de chez International). Ce produit n’existe plus, c’est maintenant l’Interline 925 qui semble être son équivalent, vérifier avec le fabricant.

La stratification a été ensuite faite directement par-dessus, avec un bon échantillonnage, pour :
- Eviter tout risque de contamination des liquides par le plomb
- Prévenir le cas extrême où le bateau cabanerait dans du très gros mauvais temps.


2) - Conception des réservoirs

J’ai choisi de réaliser les réservoirs « in situ », à même la coque et la quille, avec des « plafonds/planchers » obtenus à partir de contre-plaqué stratifié et peints, pour :
- Éviter d’y installer des réservoirs inox, très chers et compliquant les piquages divers ;
- Gagner en capacité de charge et descendre les poids ;
- Simplifier la réalisation.


3) – Construction des réservoirs

J'ai créé 3 compartiments sur chaque bord dans le réservoir à eau central, 2 compartiments dans le réservoir à G.O. Le réservoir situé sous le carré n'a pas été cloisonné.
Les raisons de ce compartimentage étaient :
- Étayer en le puits de dérive central, en latéral
- Cloisonner les réservoirs, pour éviter les mouvements de carène liquide.
- Ces cloisons ont été réalisées en contre-plaqué stratifié à la quille intérieure, et au puits de dérive, pour le réservoir à eau central.

Le compartimentage achevé, et la préparation des surfaces faite, j'ai peint tous les réservoirs avec 3 couches de la même peinture epoxy sans solvant, utilisée pour bloquer les lingots.
Ce travail a été fait alors que le plafond des réservoirs n'était pas encore posé, afin de permettre une bonne ventilation pendant le séchage et surtout un accès aisé.

Parallèlement, j'ai construit les plafonds des réservoirs en contreplaqué, stratifié côté réservoir, et également peint de la même manière. Ceux-ci ont été équipés des piquages nécessaires au pompage des liquides, de leurs évents et de trappes de visite.

C’est un gros travail car il a fallu aménager des feuillures stratifiées et pose d'inserts pour visser les plaques de fermeture.

Les planchers ainsi construits ont été collés directement sur la coque à l'aide de la même peinture epoxy sans solvant, copieusement épaissie par adjonction d'Aérosil 500, (agent thyxotropant en poudre qui empêche toute coulure). Il s'agissait de faire un mastic colle qui allait fixer et étanchéifier le tout.

Le lissage du joint de "mastic/colle/peinture" a été fait sur le pourtour intérieur en passant le bras et un miroir par les trappes d'accès.

Enfin, le dessus des planchers, (côté emménagements), a été complété par une petite stratification sur tout leur pourtour, afin de garantir une étanchéité parfaite et garantir leur « soudure » à la coque.

Tout a très bien tenu et continue à tenir depuis 1990, malgré les coups de boutoir dans la grosse houle, et autres contraintes lors des échouages. Je n’ai remarqué ni fissure, ni décollement, ni fuite , ni pollution ou contamination.


4) - Les problèmes rencontrés au départ
"Cordonnier toujours le plus mal chaussé!" La peinture des fonds de mes réservoirs s'est décollée par suite d'exsudation du styrène de la stratification des lingots de plomb. Il aurait fallu laisser cette stratif murir beaucoup plus d’un mois.
5) - La solution
J'ai donc fait sauter toutes les écailles de peinture au riflard, et le styrène résiduel s'est évaporé en quelques minutes. Ensuite, les réservoirs étant achevés, les cloisons intérieures devenues très gênantes, ont été découpées à la scie sauteuse pour libérer l'accès. Très difficile en raison de l'inaccessibilité!

Après ponçage, dépoussiérage et dégraissage à l'acétone, j'ai fait une reprise des peintures de fond qui depuis, n'ont absolument pas bougé.


6) - Préparation avant utilisation
Avant mise en services des réservoirs, je les ai lessivés et brossés avec un liquide à vaisselle, rincés à l'eau douce, puis laissés pendant un mois pleins d'eau additionnée de quelques décilitres d'eau de Javel pour achever le nettoyage. Après vidange, ils ont été chargés en eau potable et/ou gasoil.
Le goût d’eau de Javel s’est fortement estompé en une semaine, (évaporation des ions Chlore), et a totalement disparu au deuxième plein.


7) Conclusions
- Avant toute mise en peinture ou application de n'importe quel revêtement dans vos réservoirs, laisser le styrène sortir des stratifications surtout si elles sont épaisses.

Ceci vaut pour tous les cas où on veut appliquer un revêtement quel qu'il soit sur une stratification, et plus particulièrement encore lorsque ce revêtement sera immergé, (osmose).

- Les cloisons de renfort semblent inutiles puisque le plancher stratifié renforce considérablement le bas du puits de dérive. Ce qui s'est vérifié par la suite en navigation, puisque je n’ai noté aucun mouvement de déformation, ni aucune fissure aux endroits sollicités mécaniquement.

- Je n'ai pas remarqué de mouvements de carène liquide excessifs, ni de bruit, après avoir coupé mes cloisons de séparation.
Il subsiste uniquement un "moignon" de cloison de 30 mm, sur leur ancien pourtour, peut-être suffit-il à casser la houle qui pourrait se former dans les réservoirs?

- Si vous installez des trappes de visite « faites maison », soignez particulièrement leur étanchéité. Soit à l’aide de joint Nitrile, (potable et résiste au gasoil), soit avec un mastic colle, de qualité potable et résistant au gasoil, (Pas de Sikaflex 221, 251 ou autres mastics colle PU à un seul composant, qui seront immanquablement ramollis et dilués par le fuel).


Espérant vous avoir apporté des idées, sans prétendre détenir La Solution ni La Vérité, bon courage à tous!