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mes bateaux?
Journal de Dany

Jusqu'en 1974, alors responsable d'école de plongée au Club Med un peu partout à travers le monde, j'ai toujours navigué sur les bateaux des autres. Bien entendu, mes héros étaient Tabarly, que je connaissais personnellement, pour avoir déséchoué PEN DUICK III à Moorea en 1969, à bord duquel se trouvait aussi Kersauzon et Alain Colas...Et évidemment, Bernard Moitessier, dont j'ai fait la connaissance, curieusement, le même jour. Parce que JOSHUA, son voilier, était mouillé dans le lagon, en face du Club. S'y trouvait aussi OPHELIE (Un JOSHUA également, avec l'arrière tronqué) d'Yves Jonvilles, qui en était à la moitié de son tour du monde.

A cette époque, Le JOSHUA était le nec plus ultra de la navigation hauturière. Je connaissais par coeur " Un vagabond des mers du sud", "La longue route", Le cap Horn à la voile", les bouquins de Bernard Moitessier. Pour moi : St Bernard!!!

C'était aussi l'époque des plans Karoff : grosses "bêtes" en acier à bouchains, très solides, avec ailerons profonds. Et en particulier la série des "Rêves d'Antilles" et "Galapagos 43", que j'ai rencontré un peu partout dans le monde. En ce temps là, un bateau destiné à la circumnavigation, se devrait d'être indestructible... Les chantiers de bateaux acier fleurissaient un peu partout.

En 1974, lorsque je vis arriver Patrick et Wendy sur leur premier TRISMUS - encore un JOSHUA - celà me conforta dans l'idée d'acheter le même type de voilier. Et pas plus tard que cette même année.
Mais voilà-t-il pas, que ce jeune et présemptueux navigateur, qui allait devenir un ami, se livrait à un crime de lèse majesté en me présentant, chaque soir au bar, un grand cahier remplit de dessins d'un étrange bateau : son futur TRISMUS II. Avec un embryon de quille, des dérives par-ci, des dérives par-là, léger et en plastique de surcroît, quelle horreur!
Il contestait les théories du grand St Bernard Moitessier. Se prenait-il lui même pour un Saint ?
Avec un demi tour du monde à la clef, Patrick avait acquis suffisamment d'expérience, pour concevoir un voilier qui conviendrait mieux à la navigation hauturière. Et que l'on pouvait construire sois-même.

Malgré notre amitié et l'intérêt que je portais pour ses idées nouvelles, je n'en tins pas compte. La même année, de retour en France et très imprégné, comme beaucoup, par les livres de Moitessier, j'achetais OPHELIE. Le JOSHUA d'Yves Jonvilles, que j'avais connu à Tahiti en 1969.
Je ne savais pas encore que je venais d'acquérir une GALERE !!!

Je l'ai gardé 4 ans. Mais je ne regrette rien. Pour la bonne raison, qu'avec lui, j'ai tout appris et surtout, qu'il ne faut pas acheter ce type de bateau... Lorsque je l'ai vendu à Kourou, en Guyane, je m'en suis séparé avec un petit pincement de coeur, mais surtout avec un grand OUF!!!
Ce jour là, je quittais St Bernard et adoptais St Patrick. Je prie toujours pour lui!

Le JOSHUA était un bateau lourd en acier de 15 tonnes, un tirant d'eau de 2 mètres, et équipé d'un moteur SAAB ridiculement faible de 25 chevaux. Pendant quatre ans aux Antilles, où le vent, contrairement à ce que l'on croit, est rarement portant, j'ai navigué à la voile et au moteur. Très vite, je me suis mis à rêver d'un bateau plus simple et plus léger. Un TRISMUS quoi!

J'ai eu trois voiliers. Pour des raisons professionnelles, mon deuxième bateaux était un grand fifty de 17 mètres, que je n'ai jamais regretté d'avoir acheté. Puissant, confortable et doté d'un abrit de navigation que je considère, dorénavant, comme indispensable. Je l'ai gardé 12 ans, à effectuer des croisières plongées aux Antilles.

Ensuite, je me suis mis à la recherche d'un TRISMUS pour mon usage personnel. Mais en ce temps là, ils étaient rares et je n'avais pas le temps d'en construire un moi même. Je me suis donc rabattu sur un bateau qui avait des caractéristiques très similaires : un plan Nivelt Joubert. C'était un OXION 33, un dériveur lesté en aluminium. Ce n'était pas le dériveur lesté que j'espérais, mais il devait se révéler très stable de route, avec ses deux dérives, comme le TRISMUS. Et tout terrain, avec sa capacité à s'échouer à marée basse et ses 60 cm de tirant d'eau. Celà m'est arrivé plusieurs fois au Brésil. Je l'ai vendu à Abaco aux Bahamas.

Mes vingts et quelques années de navigation, sur trois bateaux différents et la rencontre de nombreux aventuriers navigateurs, m'ont menés à de nombreuses réflexions sur le type de voilier que je considère comme le mieux adapté à la circumnavigation : sa coque, son confort, ses aménagements...Mais aussi tout ce qui va avec : la navigation, les mouillages, la plongée, les annexes, les pirates ...

Ce sont ces réflexions que j'aimerai partager avec tous les amoureux de la mer et de la navigation.
Surtout les TRISMUSSIENS!

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