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hotu painu

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Dimanche 12Mai :

Position à midi : 143°32'W 27°49'S.

Au lever du jour j'avale mon café, prends la barre et file l'écoute de grand voile pour nous donner de la vitesse pour empanner. Je passe aussi le yankee tribord amure et nous filons plein Est sous la poigne de Canopus quand j'aperçois les îles Morotiri deux quarts bâbord avant

PS : Les îles Morotiri ou îles de Bass : position 143°30'W 27°54'S forment un groupe d'îlots rocheux ne portant aucune végétation et dont le plus élevé, au Sud du groupe est haut de 113 mètres. La position des îlots n'est pas précise (le moins élevé est haut de 5 mètre).
Instructions nautiques série K – volume IX.

C'est à la lecture de cette petite phrase qu'un petit picotement m'avait parcouru l'échine, donnant un but à mon voyage.

Je mets les lignes de traîne à l'eau car les fonds remontent en approchant de ces fameux cailloux qui étant sur l'arc de grand cercle entre l'Australie et l'Amérique du Nord ont très mauvaise réputation sur cette route maritime. Nous commençons à les contourner par le Sud et ils se trouvent donc à notre vent, il ne va pas falloir trop s'approcher quand même car la mer est houleuse sur ces hauts fonds.

A la vacation radio avec Enjoy, mon fils Temoana est sur les ondes. C'est Dimanche et mon copain Daniel a voulu me faire la surprise, c'est super sympa et nous papotons pendant un quart d'heure. De la table à cartes, je surveille au travers du hublot mes cailloux où des rouleaux écumants se brisent, Canopus suit son cap et nous maîtrisons la situation. Je lui raconte nos pêches quand une cataracte d'eau masque un court instant le hublot, une vague est montée sur le pont par tribord et se déverse dans le passavant bâbord puis tout rentre dans l'ordre. Je termine la vacation mais Daniel me dit que puisqu'ils sont au large, il reste en stand by jusqu'à 11 heures. Nous virons sur bâbord pour contourner ces îlots et les photographier, après ces jours de lutte, d'efforts, d'inconfort, je suis envahi de bien être.


10h00 : Un thon d'une vingtaine de kilos monte à bord (toujours la même méthode). Je rappelle mon fiston à la radio pour le lui dire, mais il me croit à peine. Je photographie mon poisson pendu dans les haubans avec les rochers en arrière plan pour homologation.

Nous sommes maintenant au N/E de cet archipel et virons le dernier cap au N/W pour prendre la route du retour. Pendant que le Capitaine passe au dépeçage, tranchage, vidage et nettoyage du poisson, Hotu Painu, vent arrière grand voile et yankee tangonné en ciseaux, fait de la zigzagodromie, Canopus étant plus distrait à cette allure qu'aux autres.

Le vent a forci et nous filons maintenant tribord amure grand largue, la mer s'est levée sur une grande houle de Sud, elle nous rattrape mais nous lui échappons, nous rattrape, etc.

Je descends lire dans le carré car la nuit est tombée, si je n'ai pas encore rencontré le grand albatros, j'ai viré les Morotiri et suis en paix avec moi-même. Maintenant il faut rentrer sans casse, en payant le moins lourd tribu possible, mais la route est encore longue.

20h00 : Une vague nous a finalement rattrapés, déferle sur la cabine arrière et se déverse en partie dans le cockpit et à l'intérieur par le panneau de descente entrouvert. Le compas au pied de ma bannette affiche une auloffée de plus de quarante degrés. Je mets ma ceinture de sécurité pendant le coup de gîte qui l'accompagne et monte en catastrophe sur le pont muni de ma lampe torche sans oublier de mettre les fargues de la descente.

vague
handout

Canopus ne barre plus le bateau car il n'y a plus de Canopus, disparu, enlevé, arraché par la déferlante, le faisceau de lumière de ma lampe éclaire le néant.

Je suis abasourdi, rampe jusqu'au tableau arrière et le vois, pendu aux drosses qui le relie à la barre franche. Il faut faire vite car la mer déferle, d'abord mettre à la cape et ensuite le hisser doucement et l'arrimer au balcon arrière, plus facile à dire qu'à faire car il est constitué de 33 kilos de bronze et d'inox.

A 22 heures tout est clair, quelques pièces de fixation ont disparues bien sûr mais rien de vital. Je laisse Hotu Painu à la cape, descends dans le carré me déshabiller et me frictionner avec une serviette. Je suis trempé et transis de froid, dans l'action, je n'ai pas pris le temps de capeler mon ciré, juste le harnais. A la cape, le bateau est relativement confortable et si tribord amure la cuisine est au vent par contre ma bannette va être bien confortable cette nuit. J'avale un thon curry au riz et me couche harassé.


Lundi 13 Mai : En mer.

4h00 : La bouilloire siffle sur le réchaud et je me fais un bon café, depuis une heure je suis assis à la table du carré à bouquiner car je n'ai plus sommeil. Dehors le temps semble s'être amélioré et nous dérivons lentement, à l'intérieur il fait 19° et j'ai passé un pull sec, l'autre étant trempé et mis à sécher dans la cabine arrière. La moquette de la descente est toute imbibée aussi en attendant qu'elle sèche, je me passe de mes chaussons. La nuit portant conseil, j'ai décidé de retourner à Rapa pour réparer mais nous ne sommes pas pressés, buvons tranquillement notre café avant de remettre en route. Au lever du jour j'aperçois Rapa droit devant, je suis coincé à la barre depuis deux heures et j'ai faim, j'aurai du avaler quelque chose de consistant avant de remettre du vent dans les voiles.

hotupainu
handout

En fin de matinée nous faisons une entrée de passe à la voile, nous connaissons maintenant bien les lieux et sommes portant. Au milieu de la baie nous mettons bout au vent pour affaler et aidés de la machine nous nous dirigeons vers le quai (libre de la Tapageuse partie hier) où un gars sympa capelle nos aussières sur les bittes d'amarrage. Toute la journée se passe en réparation, d'abord gonfler le zodiac pour travailler à l'aise derrière le tableau arrière puis démonter Canopus en plusieurs morceaux, l'ensemble pesant 33 kilos.

Ce sont les trois écrous des tiges filetées qui le fixent au tableau arrière qui ont éclaté sous l'impact et il a été arraché, les tiges filetées et plusieurs cales de téflon ont disparus.

Alfred, l'électricien de la centrale électrique située juste en face du quai, m'apporte plusieurs boulons inox pour que je puisse refixer le tout et moi je lui donne les trois quart de mon thon, chacun y trouve son compte.

En fin d'après midi Canopus est en place, beaucoup plus solide qu'avant. Je range les outils, le groupe électrogène de mon copain Daniel et prends une bonne douche dans le cockpit pendant que quelques jeunes gens pêchent au bout du quai. Une carangue sort de l'eau accrochée au nylon de l'un deux, un autre tire prestement sa ligne mais trop tard, un requin a happé sa prise et les autres rigolent. Il doit être dangereux de se baigner dans ces eaux, d'ailleurs je n'ai pendant mon séjour ici jamais vu personne à l'eau. A la nuit tombante, tout ce petit monde rentre et moi je reste seul sur le quai à dégonfler mon zodiac et le ranger à bord.

Je dîne de thon sauce tomate avec du riz en écoutant RFO, en mer il est impossible de les capter car il n'y a plus rien en ondes courtes depuis les émissions satellites. Le si peu, avec le matériel obsolète dont ils disposent ne porte pas à plus de cent milles, pourtant il y a de plus en plus de monde en mer avec la pêche à la longue ligne.

Vers vingt heures, Alfred Make de quart à la centrale électrique, me rend visite et nous passons une agréable soirée à discuter métier, j'ai passé moi même quelques années en centrale électrique et ai aidé à former quelques jeunes de ce territoire. Il en a la mémoire et gardé le respect. La bouteille de côte du Rhône terminée il est vingt trois heures trente et il se rend stopper les groupes électrogènes avant de rentrer chez lui. Moi je me glisse sous ma couverture.


Mardi 14 Mai : A quai à Rapa

L'angélus du matin me surprend sur le pont à boire mon café. Après une petite toilette, la vaisselle et un peu de rangement, je descends une dernière fois au village. Rapa est une île heureuse où les gens vivent dans une grande simplicité. L'année dernière, pas un seul yacht ne l'a visitée mais cette année nous sommes les troisièmes (et quatrièmes). Un gros yacht Néo Zélandais, un solitaire Japonais et nous.

Maintenant il est temps de partir, nous remontons au moteur vers la passe grand voile et artimon hissés. Après la sortie, j'envoie le yankee et nous mettons cap au N/W tribord amure au près serré sous la poigne de Canopus, le vent étant passé au Nord.
Je n'ai pas eu Enjoy à la radio, mais comme hier j'ai été obligé de déposer et reposer la boite d'accord d'antenne BLU, pour refixer Canop
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